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Le mythe de l’idée initiale
J’ai toujours pensé qu’il fallait avoir des idées pour se lancer dans l’écriture. Le problème, c’est que je n’ai jamais d’idées avant d’écrire, même quand je me creuse la cervelle pour en trouver.
Je lis et j’écoute beaucoup d’écrivains parler de leur art : la plupart évoquent une idée préalable à leur livre.
Je me suis donc conditionnée à l’idée qu’il faut avoir une idée pour écrire.
Le paradoxe, c’est que j’ai réussi à écrire et publier trois recueils de poèmes sans aucune idée de départ.
Malgré ça, j’ai continué de croire qu’il serait préférable d’avoir une idée pour écrire un prochain livre.
Cette fameuse idée, je l’attends toujours.
Un jour, une idée viendra (ou pas)
Il est assez courant pour les personnes qui ont envie d’écrire de réfléchir à une idée préalable au texte.
Cette idée correspond généralement à un sujet à aborder.
Par exemple, Joanne Rowling a inventé l’histoire d’Harry Potter alors qu’elle se trouvait dans un train, avant de commencer à l’écrire. Elle a ainsi imaginé le château de Poudlard, les personnages et la trame du livre, sans crayon ni papier sous la main.
Je ne suis pas fâchée contre les idées (d’autant que j’adore Harry Potter), mais attendre qu’une idée apparaisse peut être une formidable excuse pour ne jamais écrire.
Surtout pour les personnes qui, comme moi, ont du mal à en trouver.
Écrire sans idées, c’est possible ?
C’est en écoutant le podcast Bookmakers avec Laura Vazquez que je me suis enfin libérée de la croyance qu’il me fallait une idée pour écrire.
Elle dit :
« Les idées sont une perte de temps quand elles arrivent avant l’écriture. Je n’écris jamais à partir d’une idée. L’idée vient du texte, donc j’écris par exemple à partir d’images, de lieux, de mots. Je n’ai pas la volonté de défendre telle théorie, tel avis, donc si le texte fait arriver une idée, je l’aide. »
Elle dit aussi avoir déjà essayé d’écrire à partir d’une idée, mais que cela « donne des textes sans grande dimension et avec peu de texture ».
Laura Vazquez a publié de la poésie, des romans et bientôt du théâtre. Sa réflexion ne se limite donc pas à un genre en particulier.
Ça a été un soulagement pour moi d’entendre enfin quelqu’un, et qui plus est, une écrivaine reconnue, dire qu’elle écrit sans idée de départ.
Écrire sans idées pour donner de la texture au texte
En écoutant Laura Vazquez, je me suis questionnée sur le sens de l’expression « peu de texture », qu’elle emploie pour qualifier ses textes écrits à partir d’une idée.
Pour moi, ce manque de « texture » peut évoquer un texte convenu et superficiel.
Le plaisir de l’écrivain est de créer un texte qu’il n’envisageait pas d’écrire, et c’est peut-être dans l’inattendu que se trouve la beauté d’une œuvre.
Cette « texture » peut aussi renvoyer à la sensorialité d’un texte.
Un texte avec de la texture a du relief, une épaisseur et des aspérités : c’est une matière que l’on peut ressentir, presque toucher, un peu comme des couches de peinture sur un tableau.
C’est l’émotion que fait naître chez moi un texte de qualité : il ne s’agit pas seulement de mots couchés sur du papier, mais d’une vibration qui résonne dans le corps.
Écrire sans avoir d’idées au départ est peut-être une voie pour créer des textes singuliers, au sens où ils ne résultent pas d’un effort mental, mais d’un élan plus intuitif.
Sans idées, comment déclencher l’écriture ?
ll existe de nombreuses méthodes pour se lancer dans l’écriture sans partir de zéro.
Comme Laura Vazquez, j’écris souvent à partir d’images, de lieux ou de mots.
Beaucoup d’écrivains aiment écrire à partir de photographies. Je pense aux nombreuses images décrites par Annie Ernaux dans Les Années pour reconstituer le passé :
« La photo en noir et blanc d’une petite fille en maillot de bain foncée, sur une plage de galets. En fond, des falaises. Elle est assise sur un rocher plat, ses jambes robustes étendues bien droites devant elle, les bras en appui sur le rocher, les yeux fermés, la tête légèrement penchée, souriant. […] Au dos : août 1949, Sotteville-sur-Mer. »
Pour ma part, je m’appuie surtout sur des mots. Une technique que j’utilise de temps en temps, c’est de découper des mots dans des journaux et de composer des textes à partir de cette matière.
En atelier d’écriture, j’ai aussi expérimenté la collecte de mots : cette méthode consiste à piocher des mots dans des livres pour en faire une liste, puis de s’en inspirer pour écrire un texte.
Dans son podcast, Laura Vazquez mentionne ses nombreux carnets, où elle consigne des extraits de livres qui l’inspirent, parmi d’autres notes. Ce processus nourrit sa propre écriture, car elle puise ensuite dans ces matériaux pour créer ses propres textes.
Une autre approche consiste à tenir un journal quotidien : c’est une manière assez naturelle de se mettre à écrire.
Et si écrire commençait par écrire ?
Ce que l’expérience m’a appris, c’est que la meilleure façon de commencer à écrire n’est pas de chercher des idées, mais tout simplement… d’écrire.
Voici quelques exercices d’écriture basés sur les techniques mentionnées dans cette édition :
Choisissez une photographie qui vous plaît dans un album ou dans votre téléphone : écrivez pendant 15 minutes à partir de cette image.
Recopiez une vingtaine de mots ou expressions qui vous plaisent dans des livres, puis inspirez-vous-en pour écrire un texte pendant 15 minutes.
Commencez à tenir un journal : chaque jour, réservez-vous un moment pour écrire librement.
Conclusion
Ce que cette réflexion m’apprend, c’est qu’il n’y a pas vraiment de règles pour écrire. Je m’étais accrochée à l’idée qu’il fallait avoir une idée pour écrire, alors que ce n’est pas ma façon de fonctionner. Entendre une écrivaine reconnue partager cette approche m’a libérée. J’ai compris que ma méthode est aussi valable qu’une autre, et que l’essentiel est de trouver ce qui fonctionne pour soi.
À bientôt dans la prochaine édition,
Claire.
Je suis en train de lire « Smart notes » sur la technique de boîte à notes pour écrire des essais et plutôt des écrits de recherche. Le carnet de Laura Vasquez ressemble aux balbutiements de cette méthode, qui semble inadaptée pour de la fiction au premier abord : l’intérêt de la boîte à fiches , c’est de faire le lien entre des idées qui ne se seraient t pas croisées autrement. Il y a pour moi un fort potentiel créatif dans cette organisation extrêmement rigide et qui se veut très scientifique.
J'aime ton point de vue ! Et ton texte me rappelle cette phrase : "Il n'y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant." :)
P.S. : Bookmakers, vraiment cool ce podcast – ça m'a donné envie de le réécouter !